Mazzocchio

Vélodrome 1996. Mazzochio 1996

Mazzocchio. 2017

1,8 x 1,8 x 1,4 m

Contreplaqué de bouleau et miroir

Exercice de géométrie et point de vue

L’expérience se poursuit avec Mazzocchio (2017), construction en bois d’un quart de mazzocchio positionné dans un angle inférieur d’un mur de la galerie Fernand Léger, recouvert de miroir, qui réfère aux recherches scientifiques et artistiques sur la perspective, réalisées durant la Renaissance italienne. En particulier le travail de Paolo Uccello, et le Déluge, fresque peinte pour le cloître du Couvent dominicain de Santa Maria Novella à Florence, au milieu du XVe siècle, qui accompagne, en filigrane, la conception du projet Flood. Le mazzocchio, coiffe florentine masculine en forme de tore, transposé en exercice de géométrie éprouvé par plusieurs peintres célèbres de la Renaissance italienne pour témoigner de leur maîtrise de la perspective. La contre-attaque de Micheletto da Cotignola conservée au Musée du Louvre, panneau central du triptyque de la Bataille de San Romano (1456) réalisé par le même Paolo Uccello, offre un autre exemple de mazzochio traité en polyèdre à facettes noires et blanches, qu’Édouard Sautai a pu étudier avec attention. Un mazzochio qui allie de nouveau beauté de la forme, mise en perspective et pouvoir cinétique, trois points très bien analysés par James Bloedem dans Paolo Uccello et la représentation du mouvement. Regards sur la Bataille de San Romano * et qui s’appliquent d’autant au travail réalisé par Édouard Sautai.

Édouard Sautai, en expérimentateur de formes géométriques et de mises en perspective. C’est le cas avec « son » quart de mazzochio dont la réflexion dans l’angle du mur en miroirs, le recompose dans son entièreté, en sa forme fermée initiale. Sculpture en bois blond qui devient par sa spatialisation une architecture incluant le reflet du visiteur, qui selon sa place dans l’espace, et sa proximité plus ou moins importante avec les miroirs, se multiplie et ne peut échapper au point de vue.

Jubilation sans doute de l’artiste dans cet exer­cice renaissant affirmant une certaine maîtrise technique, ses propres calculs géométriques figurant d’ailleurs non loin de l’oeuvre, sous forme d’études exposées au mur comme un rappel de ses compétences.

Valérie Knochel Abecassis

mars 2017