SOUSTRACTION
Edouard Sautai, artiste plasticien, ancien étudiant de l’Ecole Supérieure d’Art du Havre et diplômé de l’Institut des Hautes Etudes en Art de Paris aime à s’approprier l’espace urbain par des sculptures ou des installations se jouant de la réalité comme d’un trompe-l’œil. Figure à son actif « La vie de Château » avec 7 tentes de camping garées devant les bâtiments désaffectés d’une Abbaye, ou plus récemment « Pièce détachée » pour la Biennale Art Grandeur Nature qui nous interpelle sur ce que pourrait être une construction à la fois élément encastré dans l’architecture et objet mobile autonome. Des ballons, une maison en néon qui tente dans sa représentation perspective de nous faire croire au volume, des cubes, la venue au Havre d’Edouard Sautai va créer, à n’en pas douter une considérable « perturbation urbaine »…car, déclare-t-il :
« Les volumes architecturaux qui occupent l’espace urbain limitent notre liberté de mouvement. Nos déplacements dans la ville, passant sans cesse du dedans au dehors, et réciproquement sont conditionnés par des dispositifs fonctionnels qui nous échappent et nous contraignent à la fois. J’apprécie de jouer, être entre le monde de l’enfant et celui de l’adulte. C’est pourquoi j’ai crée pour l’ESAH une exposition avec un dispositif plastique qui s’apparente à un jeu de cubes. A l’angle du bâtiment sur rue qui héberge la Galerie d’exposition l’architecte a opéré une soustraction volumétrique : sur la base de cubes de 1mx1mx1m, la construction est creusée sur les trois niveaux. En tant qu’artiste invité à exposer dans la Galerie de l’Ecole, je tiens à me réapproprier ce volume manquant puis à le reconstruire à l’intérieur même de la Galerie. S’il s’agit d’un jeu, il est poussé jusqu’à l’absurde, et nous conduit à encombrer l’espace dans lequel nous devons travailler avec les étudiants, celui où nous allons faire ensemble l’expérience du montage de l’exposition.
« Aujourd’hui, tout le monde utilise Google earth , alors que la ville développe des formes de plus en plus pauvres, nous la regardons de très haut comme détaché d’elle. J’ai une fascination pour les collectionneurs d’automobile, pour les maisons , collectionner et s’approprier les biens liés à l’enfance. Sur la question de l’échelle, à l’âge d’un an, on commence à marcher, le regard à 50 cm du sol puis, en grandissant, les objets se réduisent par rapport à nous. Dès lors, fabriquer des modèles réduits s’est s’aventurer à jouer notre rapport au monde. Plus important encore, pour des étudiants en art, les modèles que sont les jouets, transmis par les adultes aux enfants, posent la question même du modèle. »
« Dans la Galerie clignote la pièce « Derrière la façade » qui brouille , comme dans l’Optical Art, les cadres de la perception : le cycle d'allumage et d'extinction de tubes fluorescents modifie le dessin d’une maison en perspective. Au centre de la Galerie, une maison en plastique cousu se gonfle sous l’effet de l’air absorbé par un aspirateur domestique. Celle-ci, qui n’existe que par la pression de l’air évoque la toile des abris précaires. Dans un dispositif plastique, j’attache de l’importance à la réaction du public. Le rôle de l’artiste c’est sans doute d’attirer, d’utiliser des codes, des couleurs, des matériaux qui séduisent. Nous ne sommes pas non pas dans le merveilleux, la tromperie de mes pièces est visible de tous.
« Addition ou soustraction…tout se transforme, rien ne disparaît, tous les lieux sont potentiellement des lieux d’exposition et en ce sens, la production d’un artiste n’est pas coupée du monde et de ses occupants. »
Exposition à la Galerie de l’Ecole Supérieure d’Art du Havre
Du 13/01/09 au 17/02/09
Vernissage le 29/01/09
A l’invitation de François Martin, enseignant à l’Esah